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"Je suis un survivant"
Le récit d’Amadou
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Amadou Camara est l'un des 1100 survivants d'Ebola en Guinée. Agé de 55 ans, père de six enfants, il vit à Koropara, un village situé à quelques 90 kilomètres de N'Zérékoré dans la région forestière du sud de la Guinée. C'est la région dans laquelle le premier cas d'Ebola a été enregistré en décembre 2013.
Amadou, vice-président de l’association des survivants d'Ebola à N'Zérékoré, explique que bien que de nombreux survivants se considèrent chanceux d'avoir vaincu la maladie, leurs problèmes sont loin d'être terminés.
Voici son histoire
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Ma femme a été la première à tomber malade. Elle vomissait. Puis elle est devenue très faible, nous avons essayé de l'aider mais il n'y avait rien que nous puissions faire pour la sauver. Elle est décédée le 20 octobre 2014. Quelques jours après sa mort , j'ai aussi commencé à me sentir malade. Les agents de santé m'ont dit que je devais venir faire le test pour Ebola afin qu'ils puissent m'aider.
Avant de partir, j'ai écrit mon testament, parce que tout le monde me disait: une fois que vous allez au centre de traitement Ebola, vous ne revenez pas.
J'avais peur, mais j’y suis allé parce que je ne voulais pas que mes enfants deviennent orphelins. Le test s’est avéré positif pour Ebola et j'ai été transféré au CTE de Gueckedou le 2 novembre. J'y ai passé deux semaines.
Il y avait beaucoup de moments où je pensais mourir. Je me sentais tellement malade. Je n'avais aucun espoir. Chaque jour, des gens autour de moi mouraient. Je ne pensais pas rentrer chez moi.
En fin de compte, j'ai commencé à aller mieux et enfin les médecins ont dit que j'étais guéri. J'ai pu rentrer chez moi. Ce jour-là, quand ils m'ont déchargé, j'étais si heureux de partir. J’ai encore des photos de mon retour à la maison.
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Ma joie a rapidement été remplacée par la tristesse quand je suis arrivé chez moi car j'ai découvert que la communauté avait détruit ma maison et tous mes biens. Ils ne voulaient pas que je revienne parce qu'ils pensaient que je les contaminerais avec le virus Ebola.
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La plus grande perte a été d'apprendre qu'ils avaient brûlé mon matelas. Ma femme et moi avions caché près de 9,5 millions de francs guinéens (925 euros) dans le matelas. C'était l'argent que nous avions économisé pendant plus de trois ans pour construire une plus grande maison pour notre famille.
Tout ce que nous avions construit avait disparu. Elle était partie. Ma famille était partie. Ma maison avait disparu. Je n'avais plus rien.
Au total, Ebola a tué 21 personnes dans ma famille y compris ma femme. Seulement moi et deux de mes petits enfants avons survécu. Ebola a ravagé tout le village.
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Depuis ma guérison, je suis souvent malade. J'ai besoin de voir un médecin plus souvent. J'ai aussi des maux et des douleurs dans le corps. Cela rend le travail difficile. Avant je faisais des briques de ciment pour construire des maisons. Il me faut maintenant beaucoup plus de temps parce que je me fatigue facilement et que je souffre.
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Heureusement, ALIMA m'a soutenu sur le plan médical. Ils aident tous les survivants dans la région. Ils nous soignent et ne nous facturent pas les soins ou les médicaments. Ils payent même pour notre transport à l'hôpital parce que beaucoup d'entre nous ne peuvent pas se le permettre. Donc vraiment c'est une grande aide. Si ALIMA partait ce serait très difficile pour les survivants. En plus, le personnel médical nous visite à domicile. On nous donne des conseils sur la façon de gérer les mauvais rêves et la tristesse. Nous espérons que d'autres ONG reviendront car les survivants et les orphelins ont besoin d'aide.
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Aujourd'hui, ma vie est presque redevenue normale mais j'ai perdu ma femme et ma famille. J'ai commencé à construire une nouvelle maison, mais ce n'est pas la même chose sans eux. J'ai dû envoyer certain de mes enfants ailleurs afin qu’ils puissent avoir une meilleure vie. Si mon épouse était encore ici nous pourrions être tous ensemble en famille.
Je ne peux pas me plaindre parce que j'ai de la chance de pouvoir dire que "je suis un survivant."
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